Les justes de France - L'histoire d'un juste : Chanoine Marie-Amédée FOLLIET 1891-1984

Courriel envoyé le 18/01/2007 à http://www.memoire-juive.org/

http://perso.orange.fr/d-d.natanson/index.html
 

Un grand MERCI pour votre immense travail de reconnaissance et de mémoire.

Je souhaiterais revenir sur le souvenir d'un homme qui marqua profondément mon enfance :
Marie-Amédé FOLLIET, curé fondateur de la paroisse St Joseph des Fins à Annecy.

Il sera déclaré "JUSTE des Nations" en 1967.(dictionnaire des Justes de France p.256.)
Homme au grand cœur, il fut d'un  immense secours pour ma mère qui recherchait mon père disparu au front depuis juin 40 (quelques mois avant ma naissance).

Le corps de mon père ne sera retrouvé et identifié par ma mère que deux ans plus tard.
Sans l'aide morale et matérielle de ce prêtre, elle aurait certainement sombré dans le désespoir.
Par la suite, ma mère ayant relancé la petite imprimerie que mon père avait fondée juste avant la guerre, il la persuada de travailler clandestinement pour le maquis des Glières. Ce fut la fierté de toute la famille.
Un jour, peut-être, je publierai sur Internet tous les documents de cette époque que j'ai réussi à rassembler.

Le curé FOLLIET était un homme très érudit, amoureux de la Bible, des patriarches et des prophètes.
Durant toute l'occupation il organisa un réseau pour faire passer en Suisse les nombreux Juifs qu'il cachait

Le presbytère où il logeait se trouvait provisoirement à quelques centaines de mètres de l'église des Fins en construction, en face de la caserne d'Annecy occupée par l'armée allemande.
Beaucoup de paroissiens connaissaient les activités secrètes de leur prêtre, tout le monde se taisait.
Dans la maison mitoyenne au presbytère habitait une famille d'origine italienne dont la fille aînée fréquentait ostensiblement les officiers allemands.

   

"Ci-contre : Belle figure que celle d'Amédée Folliet, curé de la paroisse des Fins, que la Gestapo viendra arrêter en 1944, et qui, interné à la prison départementale, rue Guillaume Fichet, participera activement aux plans et à la réussite de l'évasion de nombreux détenus politiques, le 18 août 1944."

Source de la photo : Livre "La vie quotidienne à Annecy pendant la guerre 1939-1945,  chapitre "La zone libre (juin 1940 - novembre 1942)"  p. 83
Auteur : Michel Germain
Photographies : André Carteron
Editions : La Fontaine de Siloé

 

 

"L'Abbé Amédée Folliet, au premier plan, curé de la paroisse des Fins, reste pour les Annéciens le bâtisseur de l'église des Fins. Pour financer (en partie) les travaux, il organise des kermesses notamment celle-ci, en septembre 1943"

Source de la photo : Livre "La vie quotidienne à Annecy pendant la guerre 1939-1945, chapitre "L'occupation allemande (8 septembre 1943 - 19 août 1944)"  p. 137
Auteur : Michel Germain
Photographies : André Carteron
Editions : La Fontaine de Siloé

 

La Gestapo débarqua brusquement dans le presbytère durant la nuit. La maison n'était occupée alors que par le prêtre et par sa vieille cousine qui lui servait d'aide.
Les Allemands fouillèrent cette maison de fond en comble et ils vérifièrent même si les lits vides n'étaient pas encore chauds. Ils emmenèrent le curé Folliet.

Contrairement à ce qui est écrit dans le dictionnaire des Justes, il ne fut pas déporté. On le conduisit d'abord sur le bateau "France", un grand bateau à aubes qui habituellement promenait les touristes sur le lac d'Annecy.
La Gestapo et la milice l'avaient réquisionné pour en faire un triste lieu de torture et d'internement loin de tous les regards.
Malgré les interrogatoires musclés, Amédé FOLLIET, ancien blessé et ancien prisonnier de la guerre de 14 ne craqua pas. On lui dit alors qu'il allait être fusillé avec d'autres "terroristes".
Il fut conduit à la prison d'Annecy gardée à ce moment là par des soldats Autrichiens. Et il se produisit un véritable miracle.
En effet, parmi les gardes Autrichiens certains étaient des catholiques pratiquants. Ils se mirent à douter en voyant arriver un prêtre.
Durant la nuit, l'abbé FOLLIET qui parlait un peu l'allemand finit par persuader ses geôliers que la guerre allait bientôt se terminer et que leur seule chance de survie était de partir avec lui.
Il du être très convaincant car tout le monde s'éclipsa avant le lever du soleil.
Les Autrichiens furent cachés chez des amis jusqu'à la libération, sous la protection du prêtre.
L'un d'entre eux revint même en France après la guerre et il ouvrit un commerce à Lyon. Il rendait de fréquentes visites à l'abbé Folliet dont la santé se détériorait car il avait gardé dans son corps de minuscules éclats d'obus, séquelles de la guerre de 14.
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Comme il est écrit dans le dictionnaire des Justes il fit de longs séjours à l'hôpital et subit plusieurs opérations. Mais grâce à sa robustesse de montagnard sa santé s'améliora et il repris ses activités.
Il mourut à Annecy en 1984 à l'âge de 93 ans

Après la libération, commença à Annecy, comme dans beaucoup d'autres régions de France, une vaste et sanglante épuration.
La jeune femme qui avait dénoncé le prêtre connaissait le sort qui lui était réservé et elle se terrait chez elle.
Amédé FOLLIET alla la chercher et la fit monter dans son bureau. L'entrevue fut parait-il de courte durée mais assez houleuse.
Ma mère me raconta même qu'elle reçut une paire de claques.
Mais déjà deux fidèles du curé attendaient en bas dans une voiture. Ils conduisirent la jeune femme dans une ferme en Auvergne pour la cacher. J'ignore ce qu'est devenue cette personne. Elle est peut-être encore vivante aujourd'hui et elle doit avoir environ quatre-vingt six ans.

 

 

Il serait intéressant que les derniers survivants de cette douloureuse époque apportent leur témoignage.
Nous ne saurons certainement jamais toute la vérité.

Plus de soixante ans après cette terrible tragédie  ne devons-nous pas, à l'image d'Amédé Folliet, pardonner ?
Mais pardonner, ce n'est pas OUBLIER.
Il y a tout un travail de mémoire à réaliser auprès des nouvelles générations et c'est ce que vous faites.

Si un jour vous circulez en voiture en Haute-Savoie, sur la route d'Annecy à Genève, vous pouvez vous arrêter dans le petit cimetière d'Allonzier-la-Caille, avant de traverser le célèbre pont suspendu.
Là, repose Marie-Amédé FOLLIET, Homme de DIEU, JUSTE parmi les Justes.

En vous renouvelant tous mes remerciements pour l'immense travail que vous accomplissez, je vous prie d'agréer l'expression de ma plus profonde considération.

Bernard Terrier

 

Appel à Témoins : Il serait très intéressant que des survivants qui ont vécu cette époque douloureuse, aussi bien à Annecy qu'ailleurs, apportent leur témoignages et rectifient peut-être les souvenirs d'enfance évoqués ici.

Merci d'avance de me contacter en cliquant sur mon adresse  Bernard Terrier

 

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Information mentionnée sur le site du CRIF Conseil Représentatif des Institutions Juives de France

 

FOLLIET, chanoine Marie Amédée :
Le père Marie Amédée Folliet était le curé de la paroisse de Saint-Joseph-des-Fins à Annecy en Haute-Savoie. Il faisait également de la résistance et, sans se soucier des graves dangers qu’il courait, venait en aide aux Juifs, aux réfugiés et à tous les ennemis du régime nazi. Dans leur témoignage après la guerre, deux réfugiés juifs allemands, Elisabeth et Albert Bach, racontent comment, en automne 1942, ils s’étaient enfuis pour échapper à la déportation et étaient arrivés à Annecy. Ils s’étaient adressés au père Marie Amédée, qui les cacha et les nourrit pendant de nombreux jours (…) Elisabeth et Albert soulignent encore que le prêtre professait l’amour de la Bible et des Juifs. Il se montrait chaleureux vis-à-vis de ceux qu’il aidait si courageusement et efficacement. Il poursuivait ses activités sans fléchir jusqu’au jour où, comme elles avaient été découvertes, il fut arrêté. Déporté dans un camp de concentration en Allemagne, il tomba gravement malade mais survécut. A son retour en France, il passa de longues années à l’hôpital. Le 21 février 1967, Yad Vashem a décerné au chanoine Marie Amédée Folliet le titre de Juste des Nations.
Dictionnaire des Justes de France, op.cit., p. 256 - 257.

Source :

http://www.crif.org/?page=articles_display/detail&aid=965&returnto=dossier/detail_doss_date&dossyd=26&artyd=5

http://www.crif.org/?page=sheader/detail&aid=965&artyd=5

 

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Marie Amédée FOLLIET
Déclaré "Juste des Nations" le 21 février 1967
Médaillé de la Résistance (décret du 31.03.47 JO du 13.07.47)
Titulaire de nombreuses décorations depuis la guerre de 14
Né le 30 mars 1891 à Abondance (74360 - Haute-Savoie)
Décédé en 1984

 

     
29 Février 2004 - Cimetière d'Allonzier-la-Caille (Haute-Savoie 74350)
Inscription sur la pierre tombale : "Chanoine Marie-Amédée FOLLIET 1891-1984 - Ordination 1923 - Cure d'Allonzier 1932 - Bâtisseur de la Basilique Saint Joseph des Fins à Annecy - Fondateur de cette paroisse 1935-1964"

 

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Quelques liens

 

Juste parmi les nations sur Wikipédia :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Juste_parmi_les_nations

 

Mémoire Juive et Education - Ils ont sauvé des Juifs

 

Qu'est-ce qu'un juste parmi les nations ?

 

Yad Vashem

 

Comité français pour Yad Vashem

Les justes de France : Qui sont les Justes

 

Introduction au Dictionnaire des Justes de France

 

Médaille des Justes

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