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CHASTEAUNEUF René

(Base 1927 - Base jpclair)

 

  né le 30 mars 1787 à Rochefort (Charente-Maritime)

  fils de Jean CHASTEAUNEUF et de Marie Françoise MUREAU

  décédé le 31 octobre 1840 à Bordeaux (Gironde)

      marié le 4 août 1824 à Bordeaux

avec

 Dorothée DAZIN (Base 1927 - Base jpclair)

  née le (26 ventôse an VIII) 17 mars 1800 à Bordeaux

  fille de Jean Louis DAZIN et de Marie PIÉ

  décédée le 17 août 1832 à Bordeaux

 

Enfants :

  1
M
Louis Alfred né le 24 mai 1825 à Bordeaux, décédé le 6 juillet 1825 à Bordeaux
  2 F
Françoise Anne née le 26 juillet 1826 à Bordeaux

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 Renseignements Divers

 

État de service dans la Marine de Guerre

(Archives de la Marine de Vincennes, sous-série CC7)

  Le (17 nivôse an VI) 6 janvier1798 : mousse au port de Rochefort

  Du (26 germinal an VI au 5 brumaire an X) 15 avril 1798 au 27 octobre 1800 : navigue sur les bateaux convoyeurs commandés par son père

  En (l’an VIII) 1800 : deux mois quatre jours sur le brick L'Espérance

  En (l’an IX) 1801 : neuf mois trois jours sur le Dugay-Trouin puis sur la canonnière la Subtile

  Du (25 floréal an XI au 14 floréal an XIII) 15 mai 1803 au 4 mai 1805 : sur la canonnière L'Ile Dieu ; il y est nommé aspirant de deuxième classe le (27 fructidor an XI) 14 septembre 1803

  Du (16 floréal an XIII) 6 mai 1805 au 10 novembre 1808 : sur la frégate La Thétis en croisière à Vigo, Ste-Croix-de-Tenerife et aux colonies ; devient aspirant de première classe le 31 mars 1806 ; en 1808, blessé à l'épaule lors d'un combat de quatre heures et demie livré contre la frégate anglaise L'Améthyst, il est fait prisonnier de guerre en Angleterre pendant cinq ans six mois vingt-six jours (voir récit du combat en fin de texte)

  Le 6 juin 1814 : retour en France

  En 1814 (trois semaines) : sur la goélette L'Agile qui reste stationnaire

  Services à terre dans le port de Rochefort à différentes époques : un an onze mois trois jours

  À partir du 6 août 1814 : en inactivité de service

  Le 11 mai 1815 : appelé comme sous-lieutenant dans le 14ème régiment qui prend garnison à l'Ile d'Aix, il fait partie d'un groupe d'officiers mutins qui participent, avec enthousiasme, à la tentative d'évasion de l'ex-Empereur Napoléon Ier

  Le 16 juillet 1815 : arrêté, René échappe de justesse au peloton d'exécution

  Le 23 août 1815 : Il est rayé des cadres de la Marine de Guerre, par ordonnance Royale

  

Attestations diverses

(Archives de la Marine de Vincennes, même dossier)

  Le 28 juillet 1807

  René Chasteauneuf, aspirant de 1ère classe depuis le 31 mars 1806, embarqué sur la Thétis, a fait preuve de bonne conduite, a bien rempli ses devoirs, a fait plusieurs observations nautiques, a souvent déterminé la longitude par les distances du soleil à la lune. Satisfait du zèle et de l’intelligence de cet aspirant.

  Signé Capitaine Pinsun

  

  Le 15 avril 1809

  Nous lieutenant de vaisseau, capitaine en second de la Thétis commandée par le capitaine Pinsun tué une heure avant la fin du combat soutenu le 10 novembre 1808 à notre départ de Lorient contre la frégate anglaise l’Amethyst, certifie que pendant ce combat René Chasteauneuf n’a pas cessé un instant de donner l’exemple d’une bravoure à toute épreuve jusqu’au moment où il a été blessé.

  Cautionnement de Tiverton (Devonshire)

  

  Le 20 avril 1809

  L’ex-chirurgien major de la frégate la Thétis certifie que René Chasteauneuf reçut pendant le combat un coup de feu (balle de mousquet) à la partie postérieure et externe de l’épaule gauche dont il a été deux mois et demi à guérir.

  Fait à Tiverton (Angleterre)

  

État de service dans la Marine Marchande au port de Bordeaux

(Archives de la Marine de Vincennes, même dossier)

  1816-1817 : capitaine au long cours sur le brick Les Deux Frères (12m 15j de pêche à Terre-Neuve)

  1817-1819 : transporte des munitions de guerre sur L'Élan (21m 18j de mer en 3 campagnes)

  1820 (10 avril au 9 octobre) : pêche à Terre-Neuve sur la Goélette Les deux Edouard

  1820-1821: commande un brick le long des côtes d'Afrique et se livre à la traite des noirs et au commerce de la poudre d'or (11 mois 5 jours)

  1822 : lieutenant sur le trois mâts L'Alfred fait une campagne de 3 mois 17 jours en Guadeloupe

  1822-1824 : 2 campagnes à la Martinique sur un 3 mâts puis sur un brick

  Fin 1824 : 3 mois 10 jours à Gorée (Ile d'Afrique)

  1825-1826 : 2 campagnes en Martinique et Guadeloupe de chacune environ six mois, au cours de l'une d'elle il est naufragé au Moule en Guadeloupe (voir récit du naufrage et interrogatoire en fin de texte)

  1826-1827 : 15 mois 15 jours sur le trois mâts Le Lucullus dans les mers du sud

  1828-1830 : capitaine du brick Le Cosaque, il fait 3 campagnes en Guadeloupe, Martinique, St-Thomas, St-Domingue, puis dans les mers de l'Inde

  

Appartenance à la Franc-Maçonnerie

(voir lettres en bas de page)

  Le 17 avril 1815 : Lettre adressée de Rochefort au duc Denis DECRÈS, ministre de la Marine de 1801 à 1814 et durant les Cent Jours.

  Quatre semaines après le retour de Napoléon de l'île d'Elbe et son installation aux Tuileries, René écrit au ministre de la Marine pour demander sa réintégration. Dans cette lettre, deux symboles particulièrement révélateurs permettent de découvrir que René est franc-maçon :

  l'en-tête (1721) rappelle l'année de la fondation de la première loge maçonnique en France

  la signature Chasteauneuf est suivie de trois points.

  

  Le 12 juillet 1831 : lettre adressée de Bordeaux à M Gaillard député de la Gironde

  L'arrivée au pouvoir de Louis-Philippe ("le roi-citoyen"), l'année précédente, apporte à René l'espoir de retrouver sa place au sein du grand Corps de la Marine. Il demande au député Gaillard de bien vouloir appuyer la "pétition" qu'il a adressée au ministre de la Marine, le 20 novembre 1830, ou à défaut de pouvoir bénéficier de la "loi de Mars 1831" octroyant une solde de retraite aux anciens officiers de marine. Au bas de la lettre, sa signature est encore suivie des 3 points symboliques.

  

Contrat de mariage

(AD 33 3E 35958)

  Passé le 20 juillet 1824, par-devant Me Antoine de Saint-Marc, notaire à Bordeaux :

  - Entre René CHASTEAUNEUF, capitaine de navire demeurant depuis quatre ans à Bordeaux, 18 rue de la Devise de Ste Catherine, agissant avec le consentement de sa mère suivant l'acte du 12 courant établi par Me Molliere, notaire à Rochefort et Dorothée DAZIN, avec le consentement de son père, propriétaire, et de sa mère, demeurant 1 rue Maubec à Bordeaux.

  - Régime dotal modifié : la future épouse apporte une dot de six mille francs et ses parents s'obligent à loger les jeunes époux et à les nourrir (cette prestation est évaluée à mille francs). Tous les autres biens présents et à venir de l'épouse lui appartiennent en propre, elle en aura l'entière administration et jouissance. Les futurs époux s'associent par moitié dans les acquêts et s'en donnent jouissance au survivant, qu'il y ait ou non des enfants.

  - René fait donation entre vifs à Dorothée de la somme de quinze mille francs à prendre sur ses biens au jour de son décès.

  

Pension de retraite

(Archives de la Marine de Vincennes, même dossier)

  Novembre 1830 : demande à être réintégré en qualité "d'entretenu" dans la Marine de Guerre ou à tout le moins l'octroi d'une pension.

  20 juin 1831 : courrier adressé au ministre de la Marine, où il réitère sa demande. Sur l'en-tête, annoté au crayon, on peut lire "a été admis à faire valoir son droit à la retraite le 30 mai 1831 et il en a été informé le 7 juin".

  23 décembre 1831 : dans un courrier adressé au directeur de la Marine de Bordeaux, rappel de la décision de lui verser un brevet de solde de retraite de 525 F, dans le mois qui suit le 12 octobre 1831. René mentionne la gêne instantanée qui suivit la cessation de son service due à la crise commerciale dont il est une des victimes.

  31 mai 1832 : courrier du ministre de la Marine au commissaire général de la Marine de Bordeaux, contenant le brevet de solde de retraite de 525 F accordé à Chasteauneuf, ancien aspirant de la marine.

  5 juin 1832 : dans une dernière lettre adressée à M. de Rigny, ministre de la Marine, René lance un cri de détresse : "Par une nouvelle fatalité je suis dans la dure nécessité de renouveler ma demande. De grâce, honorez-moi d'une réponse favorable et que mes anciens services à l'État coopèrent à rendre à la santé une femme sur le lit de douleur peut-être mortelle... le 7 de ce mois, il y aura un an que vous m'admettiez à jouir du bénéfice de la loi de Mars sur la retraite. Tous mes collègues sont satisfaits et par besoin absolu je suis dans une attente cruelle..."

  

  Ce dossier personnel, particulièrement fourni, comportait également un petit feuillet bleuté non daté et sur lequel avait été écrit : " M Chasteauneuf ajourné comme ayant servi depuis sa destitution".

  

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C (1721) E

  17 avril 1815

  Monseigneur

  

  Le combat de la frégate la Thétis, en nous enlevant le brave commandant PINSUN, m'a aussi enlevé mon protecteur. Sous ce second rapport je dois regretter amèrement la perte de cet officier supérieur. La bravoure de son capitaine en second et de ses officiers ne pouvait rien contre les forces supérieures qui nous atteignirent après un combat de quatre heures et demie. Je fus aussi une des victimes de ce combat opiniâtre, puisque je fus atteint à l'épaule gauche par une balle de mousquet.

  C'est de votre bienveillance, Monseigneur, que j'ose espérer recouvrir la perte de mon avancement, occasionnée par mon séjour en Angleterre. Avant cette époque malheureuse de ma carrière militaire, j'ai toujours servi d'une manière active. Depuis l'âge de neuf ans je suis au service de Sa Majesté l'Empereur ; il y a onze ans et demi que j'ai l'honneur de faire partie du grand Corps de la marine comme aspirant, dont neuf ans aspirant de première classe. Ce n'est pas à la fleur de l'âge que je puis rester en inactivité ; mon dévouement à la personne Sacrée de Sa Majesté l'Empereur, seize ans de service et une blessure honorable, sont les droits que je crois avoir aux bontés de votre Excellence et je ne doute pas qu'elle m'honore la présente de son attention et qu'elle ne daigne m'accorder le grade que je crois mériter par mon ancienneté dans la Marine.

  En m'employant activement sur les vaisseaux de Sa Majesté l'Empereur, vous accorderiez la plus grande des faveurs à celui qui attend tout de vos bienfaits et qui a l'honneur d'être, Monseigneur, de votre Excellence, le très humble et très dévoué serviteur.

  signé CHASTEAUNEUF  

  aspirant de la marine de

  1ère classe en inactivité

  

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  Bordeaux le 12 juillet 1831

  Monsieur le Député

  

  L'estime trop flatteuse dont vous daignez honorer la famille à laquelle j'appartiens, et l'offre des services que vous avez bien voulu me faire, m'enhardissent à solliciter votre protection.

  Vous êtes appelé à défendre les intérêts de ce Département et ceux de la France : la connaissance parfaite de vos sentiments m'assure que vous ne serez pas sourd à ma réclamation.

  En 1808 je fus fait prisonnier de guerre, sur une frégate après un combat de quatre heures et demie et un coup de feu à l'épaule gauche, en Angleterre où je restais six ans. Je fus du nombre de ceux qui résistèrent aux proclamations séduisantes de la famille des Bourbons qui y résidaient. La paix nous ramena dans le sein de nos familles et je fus employé sur les vaisseaux du Roi dans le grade que j'avais précédemment, c'est-à-dire, aspirant de première classe. Cette activité ne dura qu'un mois, et, à vingt sept ans, je fus mis en inactivité de service. Je dus remarquer que cette mesure pesait particulièrement sur ceux que les chances de la guerre avaient conduits en Angleterre.

  En 1815, appelé comme sous-lieutenant dans le 14ème régiment de marine qui prit garnison à l'île d'Aix, j'y fus témoin de l'enthousiasme des braves marins qui la composaient, à la vue des trois couleurs qui flottaient dans leurs rangs ; enthousiasme qui redoubla, à la présence de Napoléon dans cette île : je n'y restai point étranger ; je me joignis à ceux qui voulaient l'avoir à leur tête pour le conduire à l'armée de la Loire. Sa réponse fut qu'il ne voulait pas sacrifier ce régiment et que son but était d'atteindre la Nouvelle Angleterre.

  Deux frêles embarcations furent immédiatement armées et équipées de douze hommes dont six officiers au nombre desquels je me glorifie d'avoir été admis. Ce n'était plus Napoléon Empereur que nous servions, il avait abdiqué, mais l'homme malheureux et l'honneur de la France. Dans l'audience dont il nous honora, il nous ordonna d'aller l'attendre à un lieu désigné, mais ce fut vainement ; une nouvelle trahison le força de prendre la triste résolution de se rendre à bord de la Division anglaise. On envoya à notre rencontre ; nous rentrâmes à l'île d'Aix où les arrêts nous attendaient. Des rapports foudroyants furent adressés au ministre de la marine ; les faits d'honorables qu'ils étaient furent jugés criminels, et, c'est par le plus grand des hasards que nous avons échappé à l'exécution militaire qui avait été sollicitée ; mais nous n'échappâmes pas aux vexations d'une classe peu éclairée, stimulée par la lecture de placards autorisés dont l'exagération était le seul mérite. Une ordonnance Royale, en nous rayant des cadres de la marine comme indignes de servir sur les vaisseaux du Roi, nous plaça sous la surveillance de la haute police qui exerça sur nous la plus grande sévérité, sans même faire éloigner des fanatiques irréfléchis, aux injures desquels cette mesure ne nous permettait pas de nous soustraire.

  Il fallut donc, dans une vie errante et peu aisée, paraître oublier les couleurs nationales. Mais lorsque arrivant d'un voyage outre-mer, je vis les insignes de notre ancienne gloire, je me sentis animé des sentiments que le temps n'avait pu éteindre : je demandai à servir le Roi des français et à défendre le pavillon sous lequel j'ai répandu mon sang. En conséquence, le 20 novembre dernier j'adressai à Monsieur le Ministre de la Marine une pétition à laquelle je joignais un état de service s'élevant à vingt sept ans cinq mois, dont dix huit ans neuf mois au service de l'Etat, ainsi qu'une copie des pièces qui me valurent ma disgrâce.

  Monsieur le chef du personnel, en daignant m'accuser réception de mes pièces, m'informa qu'elles avaient été envoyées à la commission chargée d'examiner les réclamations. La loi de Mars sur les retraites des officiers entretenus de tout grade de la marine parut ; aucune nouvelle information ne m'était parvenue ; cette même loi détermine le mois d'août prochain pour la cession des réclamations ; un voyage outre-mer pouvait m'en faire perdre les bienfaits. Je dus donc, le 26 avril dernier expédier un nouvel état de service en réitérant la première demande de mon admission comme entretenu dans le grand Corps de la marine, dans le rang de mon ancienneté de service, demandant à ne jouir du bénéfice de la loi de Mars que dans le cas où mes services ne seraient pas utiles à mon pays.

  Le 7 juin dernier, Monsieur le Ministre de la Marine, m'annonça que j'étais admis à la retraite et que mon brevet de solde me serait incessamment expédié. Quoique flatté d'une décision dont je sens tout le prix, puisque ce n'est que sous ce règne que les anciens services reçoivent une récompense, je pris néanmoins sur moi de faire observer à Monsieur le Ministre, que je désirais coopérer d'une manière plus active au maintien de l'ordre public, et que la récompense de mes services passés n'était pas ce que je sollicitais encore, mais bien le titre glorieux de défenseur des institutions de la nouvelle France.

  Dans le doute que ma dernière demande soit prise en considération et ne voulant pas perdre de vue le but que je me suis proposé, je viens vous supplier, Monsieur le Député, d'avoir l'extrême bonté d'intercéder auprès du ministre de la Marine pour que je jouisse comme entretenu d'un titre que chacun brigue et que je crois avoir mérité par les antécédents de ma carrière maritime.

  Mes états de service et autres pièces sont à Paris, je ne voudrais donc jouir de la solde de retraite que lorsque tout espoir serait perdu de rentrer dans un Corps d'où je n'aurais jamais du sortir qu'après avoir versé mon sang pour mon Roi.

  

  Agréez les sentiments de la vive reconnaissance de celui qui est, Monsieur le Député, avec respect, votre très humble et très honoré serviteur.

  Signé : CHASTEAUNEUF  

  Capitaine au long cours

  Ex-aspirant de 1ère classe

  

  Annotation :

  Le soussigné connaît parfaitement M Chasteauneuf

  et depuis longtemps. Il le sait ami de la gloire et de

  l'honneur de la patrie et très capable de la servir encore.

  C'est avec plaisir qu'il délivre cette attestation.

  Paris le 27 juillet 1831

  signé : GAILLARD

  

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Récit du combat livré par la THETIS contre l’AMETHYST

  

  La frégate THETIS était le sixième bâtiment de la marine française à porter ce nom. Le combat qui a conduit à sa saisie par les britanniques s'est déroulé de la façon suivante :

  

  Au début de la nuit du 10 novembre 1808, une batterie côtière de la région de Lorient tira deux coups de canons à la vue d'une frégate qui rasait la terre. Ceci alerta les bâtiments anglais qui croisaient dans les parages.

  La frégate de 40 canons (28 de 18, 6 de 8 et 6 caronades de 36) THETIS, commandant PINSUM, qui venait de sortir de Lorient fut aperçue et chassée à moins de quatre milles de l'île de Groix par la frégate anglaise AMETHYST de 42 canons (26 de 18, 4 de 9 et 12 caronades de 32), commandant M. SEYMOUR.

  A 8 heures le combat s'engagea ; vers 10 h 30 les deux frégates démâtèrent presque ensemble de leur mât d'artimon. A 11 h 30 sur la frégate française l'abordage fut ordonné, mais le commandant PINSUM fut tué juste à ce moment.

  La THETIS aborda l'AMETHYST par l'avant sans toutefois pouvoir projeter son personnel sur l'ennemi, les deux frégates pratiquement accolées, continuèrent le feu, au canon de la part de l'AMETHYST, de mousqueterie de celle de la THETIS.

  Ce combat dura jusqu'à minuit quarante cinq, heures à laquellela THETIS ayant le feu à bord du amener son pavillon. Presque aussitôt ses deux mâts restants s'abattaient, au moment où les anglais prenaient pied à son bord. Elle avait treize canons hors service et la moitié de l'équipage hors de combat.

  L'AMETHYST avait elle aussi des dégâts importants mais elle avait perdu moins de monde. Remorquée hors du champ de bataille, la THETIS fut remise en service dans la Royal navy sous le nom de BRUNE.

  

  Source : "DES NOMS SUR LA MER" (ACORAM 1990). Extrait aimablement communiqué par Patricia TERRIER

  

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Sauvetage du brick "LES DEUX AMIS"

(AD 33 4S7 Colonies Exercice 1825, mois d'octobre)

Port de Pointe à Pitre - Armements et classes

  

  Etat de liquidation de la vente à l'encan des agrées apparans de la coque du brick avec tout ce qui pourrait exister à bord au moment de ladite vente dudit brick, commandé par M. MOMUS du port, de 227 tonneaux, appartenant à M. GANET, armé à Bordeaux par lui-même, monté de 13 hommes d'équipage, à la consignation de M. SERGENTON, négociant au Moule, naufragé sur le récif existant à l'entrée du port du Moule le 26 juillet dernier, ladite vente en date du 31 juillet 1825 à la somme de 5 618, 68 F, sur quoi il faut déduire les différents frais pour le sauvetage...

  

  Etat des sommes dues à l'équipage du brick, naufragé dans la passe dans la journée du 26 juillet 1825, à compter du 27 juillet jusqu'au 31 :

  - Pour le capitaine MOMUS 4 journées à 9,73 F soit 38,92 F

  - Pour CHASTEAUNEUF René, 2ème capitaine, la même somme...

  

  Interrogatoire fait par nous Jean BODÉ, sous-commissaire de marine chargé de l'armement et classes du port de Pointe à Pitre. Ayant fait invitation au second de se porter à notre bureau, lui avons fait les questions suivantes :

  Nom, prénom, âge, lieu de naissance, profession ?

  - CHASTEAUNEUF René, 38 ans, natif de Rochefort, capitaine au long cours, second à bord du brick "LES DEUX AMIS"

  

  Comment après avoir été expédié en douanes à Pointe à Pitre le 13 juillet 1825 vous trouviez-vous encore en rade du Moule le 26 du même mois ?

  - La mer a été tellement grosse jusqu'au 22 que le pilote n'a pas jugé convenable de nous faire sortir... Enfin appareillage le 22 juillet sur les quatre voiles : la majeure, le grand perroquet, le grand foc et la brigantine. Les vents étant de la partie de l'est au sud est, après 10 minutes, nous avions échoué sur un banc de sable qui se trouvait dans la partie nord ouest du port du Moule, notre gouvernail a été démonté et la seconde ferrure cassée, ce qui nous a obligé de rentrer au port.

  

  Du 22 au 26 juillet qui vous a retenu ?

  - Les réparations de la ferrure de notre gouvernail.

  

  Comment vous trouviez-vous amarré lorsque le coup de vent est survenu ?

  - Nous avions déjà notre pavillon en berne pour demander des secours de terre que nous ne pumes pas recevoir...

  

  Êtes-vous resté longtemps à bord ? Avant d'abandonner, le capitaine a-t-il fait toutes les manoeuvres nécessaires pour sauver son navire ? Quelle heure était-il lorsque vous avez fait coste ? A quelle heure avez-vous quitté le navire ?

  - Il était environ 10h du matin à ce que je crois. Dans pareille circonstance on ne s'occupe pas beaucoup de l'heure. Aussitôt après que le bâtiment a eu frotté le récif par son flanc de tribord, le capitaine a fait sonder à la pompe, la sonde ne marquait plus, n'étant que deux pieds, ce qui nous a assuré que le bâtiment était crevé. Les cris de terre de nous sauver ont décidé, après délibérations du capitaine et de l'état major, a faire couper la mâture pour servir de pont à tout l'équipage pour descendre sur les cayes. Il pouvait être alors 10h 1/2.

  

  Après avoir quitté le bâtiment, a-t-il resté longtemps sur l'eau avant de couler ?

  - A midi, on ne voyait plus rien du navire que les débris de la mâture qui étaient sur les cayes.

  

  Pensez-vous que l'on puisse sauver la cargaison ?

  - Non, premièrement son sucre est entièrement perdu... je pense que les frais que l'on ferait pour sauver quelques balles de coton surpasseraient le prix qu'on en désirerait. Je crois qu'il convient mieux de vendre la carcasse dans l'état où elle se trouve maintenant.

  

  Les bâtiments La Cérès, L'Hercule et La Médée sont venus longtemps après vous à la coste ?

  - En même temps que nous, mais dans une position plus avantageuse, à l'abri des coups de mer et des courants.

  Après lui avoir donné lecture...

  

  Composition de la cargaison :

  - 348 barriques de sucre, 9 tierçons et 82 quarts 22 balles et un ballot de coton, 4 tierçons et un quart de café, un quart de cacao et 1 tierçon et un quart de vieux cuivre.

 

Recherches réalisées par Michèle et Jean Larrouquère
Et mises en ligne par Patricia Chasteauneuf, suite à un travail commun avec M. Jean Larrouquère

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