Carnet de Claudius, Adolphe FAVRE

Lettre de Adolphe, Claudius FAVRE à son épouse Hélène - 29 septembre 1940 à Laon (02000 Aisne)

 

Le 29 septembre 1940 – Citadelle de Laon (Aisne)

                        Petite femme chérie,

            J'espère que tu recevras encore ces quelques lignes que je suis en train de t'écrire. Pour le moment, je vais bien, la santé est bonne. Ma blessure ne me fait plus souffrir, sauf que je ne peux pas lever le bras plus haut que la tête. La balle est rentrée dans le dos sous l'omoplate, et est ressortie au sommet du bras droit, me fracturant l'extrémité supérieure de l'humérus. J'ai en plus une côte de cassée. Les os de mon bras droit se sont soudés avec l'omoplate, ce qui ne fait qu'un bloc. L'articulation du sommet du bras ne joue donc pas. Le poumon n'a pas été touché. Je n'ai rien ressenti de ce côté-là. Si je te dis tout ça, c'est pour te tranquilliser au sujet de ma blessure.

            En rentant au Chemin de Fer, j'aurais une autre planque que je n'avais pas, alors, il ne faut pas s'en faire. Tu peux être tranquille en tout point à mon sujet. J'ai essayé de me faire réformer, mais il paraît que je n'ai pas assez de mal.

            J'espère qu'au pays vous allez tous bien et mon cher fils aussi. Dommage que je n'ai pas une photo, le temps me durerait moins. Depuis la fin mai, je suis sans nouvelles. Si seulement u as reçu les miennes, c'est l'essentiel. Je me débrouille comme je pense pour t'en faire parvenir. Si tu avais la possibilité de m'envoyer un mot et quelque argent, je pourrais m'acheter un peu de pain blanc. Quand on peut en avoir, on le mange comme du gâteau.

            Inutile d'écrire directement, ça ne passe pas la zone. A part cela, on n'est pas trop mal à l'abri et sur la paille, on peut encore tenir. Quant à être libéré, on n'y pense pas trop.

            Donne bien le bonjour à toute la famille et aux Camets aussi. Ne vous faites aucun souci pour moi

            En attendant des jours meilleurs, reçois de ton chéri qui pense à toi ses plus tendres baisers. Gros mimis à Jeannot. Tu mettras un timbre et feras suivre la lettre du copain.

            Ton homme qui t'embrasse

                        Adolphe

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Source : Jean Favre (documents familiaux)
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